Lieux étoilés de mon enfance
(Algérie «aux temps des Français»).
Presque tous, chérisssons nos souvenirs d’ enfance, même si ce fut difficile à vivre.
Nous révons notre quartier, notre école, nos vacances…
Voici certains de mes propres souvenirs …
… cinq points de magie, quelques lignes…
DBD.
1)
Alger sur une colline: « Fromentin » , mon lycée pilote
2)
Aux Bains romains…« L’Archevêché »
3)
Au Chenoua, « Les Quatre vents »
4)
Au Guergour, « Lafayette ».
5)
A la villa du Télemly, chez mes parents,
leurs grandioses Noëls …
1)”Fromentin”
-Beauté de l’édifice “néo-mauresque”, de ses jardins, aux pins maritimes minés par des chenilles processionnaires ,
mais aussi
-niveau intellectuel et moral de mes profs. Mon idole , Françoise Rollet –Giuliani, se disait “voltairienne” et Mme Laffitte, en anglais, déclarait nous donner “l’accent de Cambridge”…, accent qui me valut un certain respect dans les musées londoniens…
Mme Hatinguais, directrice, fondatrice de L’Internat, rêve de jeunesse réalisé, et fondatrice aussi des “Etudes internationales de Sèvres”, me prédisait une brillante carrière nationale littéraire…
Au lycée, j’étais “at home”…
– Ci dessous, “Fromentin’ esquisse au fusain, par Yves Matte-Aguilar,dans les années 1990…
2) ”L’ Archevéché”.
En été, le plus souvent, lorsque je n’accompagnais pas mes parents en France hexagonale, c’était “L’ Archevéché”. Propriété d’un prélat au début du siècle, cette succession de falaises et de plages privées était devenue propriété familiale avant d’être lotie…L’ Archevêque s’était là, parfois, inspiré de la Villa d’Este et multiplié les lieux de méditation…
Devant l’immensité de la mer, “toujours recommencée”, seule en compagnie de ma cousine-soeur, Minou, comment ne pas éprouver des sensations d’infini, comment ne pas rêver d’avenir grandiose? Nous ignorions tout en ces temps, de l’Infant Dom Enrique, plus tard rencontré dans mes études portugaises… Dom Enrique “Le Navigateur” , placé dans de semblables conditions, au sud de l’Algarve, put réaliser le rêve qui l’habitait: envoyer ses caravelles à la découverte “des quatre coins du monde”…Nous n’avions pas son pouvoir!!! Mais ce manque n’empéchait pas les rêves…(note)
Note.
Voir mon texte sur ce blog, dans “Mers et Océans” la seconde histoire de “veaux marins”.
3) Au Chenoua, “Les Quatre Vents”. (note)
Plus tard ce fut “le Chenoua”, plus précisément au lieu dit “Les Quatre Vents”. Succession de vastes plages grises désertes, et de falaises au sommet souvent habité par des vestiges puniques ou romains : urnes funéraires tronquées, socles de colonnes de marbre, parcelles de céramiques colorées dispersées par le vent et les hommes…
J’allais, nageant vers le gros rocher , but à atteindre par les pécheurs à la ligne de la famille qui s’y rendaient en barque…
-“Attention , c’est infesté de murènes” me clamait la voix d’un jeune sage…
Que m’importaient les conseils de prudence…
Les murènes me respectaient…
Note:
j’ai raconté sur ce blog, dans “mers et océans,et dans la troisième histoire de veaux marins” comment l’oncle Max avait acquis ce domaine …et comment j’y passais des vacances estivales…
4) Au “Guergour”, Lafayette…
La maison et les jardins..
C’était la grande maison “de fonctions” d’un cousin, administrateur de commune mixte. Au rez de chaussée l’appartement du sous préfet et quelques bureaux . A l’étage plusieurs chambres et salons et une immense terrasse…De là, après les journées caniculaires, un peu de fraîcheur nocturne rassemblait les invités et leurs hôtes… Jamais depuis n’ai admiré autant d’étoiles filantes dans le ciel d’été… On entendait parfois des hurlements venus d’une montagne proche. Pressé de questions notre hôte, assez géné, acceptait de déplorer l’existence là de quelque jeune Française (de France), mariée à un natif de la région et maintenant dans la famille de son époux qui ne l’acceptait pas…Que faire pour elle? Il n’y avait rien à faire…
Mes émotions se calmaient devant la beauté des jardins, celle du saule pleureur au dessus d’un ruisseau, de l’étang où l’on se baignait malgré le voisinage des tortues d’eau…celle de ma collection de merveilleux papillons “rois”, les macaons du jour, et les aîles rouges de ceux de la nuit…Je « chevauchais » mon « petit bourricot » personnel au long des allées… L’un des « cavaliers », nommé Mokhtar, prenait soin de moi et de ma monture. Il affirmait descendre des Romains.
Les fêtes : Fantasias et Festins.
Fantasia:
Et cette fête jamais oubliée, magnifique, exceptionnelle: le chef des cavaliers, Salah, prenait sa retraite. Ses compagnons avaient organisé en son honneur une fantasia à laquelles nous étions conviés… Ce n’était pas une mièvre copie touristique, mais une superbe démonstration de l’art cavalier de ces hommes , lancé sur la piste à une vitesse inimaginable, capables de ramasser à terre, dans leur course, le fusil qu’ils y avaient lançé…
Traversée à gué de l’oued.
Ensuite nous attendait sur le sommet de la colline un festin digne des “Mille et Une Nuits”.
Pour traverser l’oued, les voitures avaient été remplacées par des mules ou des chevaux. J’avais dix ans. Un jeune caïd
devait assurer ma sécurité. Il me guidait, Allant lui même à pied,il tenait, devant moi, les guides de ma monture… Juchée sur ma mule j’admirais son burnouss mauve… Le jeune homme venait de se marier au Guergour, de retour de Paris où il avait obtenu son baccalauréat. Il aurait pu rester dans la capitale française mais avait préféré retourner “au pays”…
Un homme se présenta : il voulait porter l’Administrateur sur son dos pour franchir l’oued à gué.. Refuser son offre eut été l’offenser gravement…
A dos de mule pour gravir la colline.
Le méchoui nous attend.
La file d’invités sur leur monture gravissait lentement la colline. Ma première vision fut celle d’une vaste tente où le repas allait être servi, mais aussi de l’espace des rôtisseurs, en plein air, où deux spécialistes de l’art du méchoui avaient embroché un mouton de belle taille et, sans impatience, deux heures durant , le tournant et le retournant , l’arrosaient du fameux “beurre vert” qui devait lui donner son goùt spécial…
Le Festin . Nos hôtes. Les serviteurs.
Sous la tente, ce n’était pas grand péché de goùter à “la gazouze du gouverneur”(non pas limonade, mais champagne) servi par le bachagha en personne… Et se délecter d’un
menu que , depuis 1933 je n’ai pu oublier!!!
Hors d’oeuvre:
-petits farcis en pâte feuilletée, délicieux, préparés par les épouses de nos hôtes, bachagha et aghas divers.
-Ensuite un couscouss royal-
-puis le méchoui, placé au centre de la table.
Nos hôtes le découpaient peu à peu , offrant un morceau de viande, à chacun d’entre nous. Mon cavalier servant était un jeune agha borgne. Fort aimable. Il insistait pour que je fasse honneur à ce fabuleux repas.
-les desserts , innombrables y ont mis fin…dattes fourrées, makroutes…et autres délices…
Des serviteurs firent le tour de la table, munis de cuvettes d’eau chaude parfumée et de serviettes …
La conversation n’avait pas chômé. J’écoutais, sentant le sommeil me
gagner…
Tout était prévu.
Repos après repas!!!
Chez les femmes.
Après le repas nos hôtes nous guidèrent vers des chambres ou des lits nous attendaient pour une “sieste” digestive nécessaire!!!
Deux heures plus tard, reposées, nous étions reçues , nous les femmes seulement, par les épouses heureuses de la rencontre. Elles nous inondèrent de parfums…Nous ne savions comment les remercier, les complimenter pour leurs petits farcis et leurs desserts…
Conclusion.
Il y a de tout cela longtemps, bien longtemps…Aujourd’hui je me demande quelle put être la destinée du beau jeune caïd au burnouss mauve…
Et tout cela semble un rêve…
5)
Au “Télemy”, chez mes parents,
leurs grandioses Noëls…
Pour moi, Noël c’était sur les hauteurs de la ville, au
Télemly où mon père avait bâti sa villa…
La petite fille de quatre ou cinq ans errait dans la grande
maison…intriguée de trouver fermées les vastes portes
coulissantes qui séparaient le salon de la salle à
manger… Le petit nez collé contre les vitres, il était
impossible de voir à travers : un grand linge opaque les
recouvait…
Mais, peut- être, en insistant un peu, peut-être était il
possible de voir , d’apercevoir, par un trou minuscule, ce
qui se passait de l’autre côté, dans le salon devenu si
mystérieux…Tout était vert, il y avait des branches
d’arbre…Et tout à coup une Voix…
Une Voix venue de loin, de très loin, une Voix énorme,
puissante, redoutable, Voix de basse, Voix surhumaine.
Et la Voix s’adressait à elle ! Elle martelait ces mots :
-« Que fais tu ici, petite fille !!! N’essaie pas de regarder
ce qui se passe ! Noël se prépare ici ! Les petits enfants
n’ont pas le droit de regarder ! Va vite dans ta chambre
pour obéir au Père Noël ! Je suis le Père Noël » !
Epouvantée, je filai dans ma chambre… pour
obéir…Mais vite il fallut que je raconte, que je clame
pour qui voulait bien m’écouter :
-« Le Père Noël m’a parlé ! J’ai entendu le Père Noël »…
Comment depuis ces temps lointains ne pas avoir cru à
Santa Claus tout au long de ma vie ???
Denise Boulet-Dunn
Copyright.
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Les petits bourricots d’Afrique
Les « donkeys » du Wild animals park,
de San Diego, Californie…
quelques images évocatrices…
Alger, square Bresson , il y a longtemps, bien
longtemps…
Les enfants réclamaient le petit «tour » à dos
d’âne…
Voici Colette sur sa monture….
…Deux aquarelles de Yves Matte-Aguilar
évoquent les travailleurs de force que
pouvaient être « là-bas » ces animaux dociles
et résignés…esclaves soumis…souffrant
parfois de plaies ouvertes couvertes de
mouches…
Un rêve : posséder un petit bourricot
travailleur sans relâche…
… »descendus de la montagne pour recevoir un sac de semoule gratuit…ceux du douar Meddad »…
ci dessus, dessins aquarelles de Yves Matte-Aguilar.
Voici
1) » Petits ânes de la Casbah d’Alger »,
suivis de
2)« Bourricots 1860 « ,
deux dessins dus au grand talent de Edmond Bruch, Alger 1860,
transmis amicalement par son arrière petite fille,
Francoise Bernard-Bries .(note)
Cliquez pour agrandir les images…
1) Petits ânes de la Casbah d’Alger
Note:– » Edmond BRUCH était aussi le créateurde la chaire d’Ophtalmologie à l’Ecole de Médecine dAlger – qui n’était pas encore l’Université – et lutta tant contre le trachome. Françoise Bernard-Bries nous écrit:- » Il avait le crayon facile et tenait ce don de son père Jean-Frédéric Bruch, doyen de la faculté de théologie de Strasbourg, dont les dessins que j’ai encore sont de pures merveilles… |
Et voici, telle une nouvelle espèce, respectés,
soignés médicalement, bien nourris,
sous le soleil de la Californie, les superbes
seigneurs, les « donkeys » du Wlld Animals
Park de San Diego…
Laissez moi vous dire mon enthousiasme en y retrouvant
les petits ânes bien connus en Afrique du Nord. Mais,
quelle transformation! Les malheureux esclaves de làbas,
battus par d’exigeants maîtres, accablés de durs
travaux, le dos couvert de blessures sanguinolentes
encombrées de mouches,sont ici de véritables princes,
des seigneurs, soignés, nourris, aimés…
Le fameux « Rêve américain « existe aussi pour les
animaux !!! Voyez ci dessous les « petits ânes » heureux!
cliquez pour agrandir l’image…
Denise Boulet-Dunn
texte et deux photos.
celles des dessins de Edmond BRUCH sont de
Françoise Bernard-Bries.
…
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Chère madame,
Votre commentaire m’a conduit par curiosité à votre très riche blog, qui nous apporte en particulier des images (pour nous émouvantes) de l’Algérie où nous avons vécu nos premières années de mariage et nos débuts dans l’enseignement public, de 1956 à 1961. Au retour, par le hasard des mutations, nous avons atterri à Firminy, ville dans laquelle Le Corbusier était en train de réaliser ses denrnières grandes oeuvres (maisonde la culture, stade, Unité d’habitation et église), complétées par la piscine de Wogenscki. Le tout : « monuments historiques ».
Merci pour nous avoir permis, sans vous connaître, de mêler un moment nos souvenirs aux vôtres.
Quant à notre origine, je suis enfant de Lyon et mon épouse d’Yssingeaux (Haute Loire).
Devenus citadins de l’agglomération stéphanoise depuis bientôt un demi siècle, nous coulons une retraite la moins inactive possible (à 80 ans, il faut quand même se calmer un peu !).
Pour ma part, j’ai été pendant dix ans président et actif bénévole du syndicat d’intiatives qui accueillait les visiteurs sur le patrimoine Le Corbusier.
Si nous revenons à la coquille qui nous a valu votre contact, c’est pour parler de l’église de Firminy-Vert, chantier inachevé après l’abandon des travaux en 1977, mais aujourd’hui heureusement terminé depuis 2006.
Le blockhaus anonyme qui défigurait mystériusement le paysage au cours du dernier quart du 20ème siècle est devenu Un chef d’oeuvre de sculpture architecturale que des visiteurs sont de plus nombreux à venir découvrir, sous la conduite de guides désormais professionnels.
C’est la réalisation finale de cette harmonieuse coquille qui m’a amené à communiquer par mail avec M. Bielza, pourtant jamais rencontré, mais dont le travail de thèse a semble-t-il suscité votre laconique commentaire.
Et je vous dis, pour le cas où vous viendriez dans la région, « bienvenue à Firminy » !
Pour vous documenter si le coeur vous en dit, les sites de cette ville, celui de Saint-Etienne-métropole, de TOTEM ds sonoffice de tourisme, et le mien sur over-blog : « lunieutaire » ( désignation des habitants d’Unieux…) vous renseigneront, avec de belles images.
Cher Monsieur
Enchantée de vous lire!
De mon côté j’ai tout à coup pensé qu’à mon âge (que je déteste dire et ne dis jamais, mais vous pourrez facilement le découvrir) la meilleure décision à prendre était de « témoigner »!
J’ai donc commencé par un website éclectique :
http://denisevb.free.fr
très aidée pour la technique, par un de mes petits fils…
et je continue avec ce blog, grâce à l’aide magistrale (technique aussi) de mon fils aîné, Jean Louis Valéro.
Je vis à San Diego, Californie, avec mon mari américain, excellent étudiant de langue française…et me rend presque chaque année en France où se trouvent mes archives et ma famille entre Paris et La Côte d’Azur…Mais ces longs voyages deviennent très fatiguants hélas.
Je suis « fan » de Ozenfant avec qui j’avais fondé la « Farca » en 1962. Nous avons vécu une belle amitié avec lui et son épouse au cours des dernières années de sa vie. Vous savez qu’il avait eut l’idée de ce nom »Le Corbusier » pour son ami « Jeanneret »(orthographe?). C’est Ozenfant qui dessina la première maison de Le Corbusier…Je compte essayer de rappeler sa mémoire un maximum…Il m’avait raconté tant de choses!
Il a disparu brutalement sans avoir eu le temps de prévoir de « mettre ses affaires en ordre » »!!!C’est bien dommage!!!
Je vais aller me renseigner sur votre belle église… en pariant que je vais avoir à vous raconter à cet égard.
J’apprécierais vraiment de garder le contact avec vous! Internet est magique!
Pour Edmond Bruch, chère Denise, il s’agit de mon arrière-grand-père et non grand père.. C’est lui qui créa la première chaire d’Ophtalmologie à l’Ecole de Médecine – qui n’était pas encore l’Université – et qui lutta tant contre le trachome. Il avait le crayon facile et tenait ce don de son père Jean-Frédéric Bruch, doyen de la faculté de théologie de Strasbourg et dont les dessins que j’ai encore sont de pures merveilles…
Merci pour ces jolis souvenirs, que vous décrivez avec tant d’amour, j’aime votre blog.